LES LAMY

Jacques Pierre Édouard LAMY, nait en 1791 à Trois-Monts, petit village à vingt kilomètres dans le S.O. de Caen . Il est le fils d’un petit paysan, qui se dit parfois berger.

C’est dans les années 1800-1810 qu’il vient à Caen.  Nous savons qu’il y exerce d’abord les emplois de journalier, puis de cabaretier. Il s’y marie, une première fois, avec Marie HALLOT, qui commerce comme « coquetière »  :  oeufs, beurre et fromage.

 C’est dans la période 1820-1830, plus exactement en 1828,  qu’il acquiert un petit bateau, un sloop de 28 tonneaux,  la  JUSTINE,  qu’il arme à la part.

Veuf en première noce, sans enfant, il épouse le 29 décembre 1836 Julienne Anne Françoise LEPRINCE, « coquetière », elle aussi, avec laquelle il a  trois enfants : deux filles et un garçon prénommé Jules Amédée Désiré.

En 1836, l’ « Indicateur complet de la Ville de Caen », édité par Aimé LAVOINE, libraire à Caen, le répertorie comme commerçant en sel et en vins. Il habite rue des Carmes,  une rue qui donne directement sur le bassin Saint-Pierre.

Le cotre, le lougre ou autre chasse-marée sont à cette époque, alors que les chemins de fer n’existent pas, que les routes ne permettent que les charrois locaux, les « camionnettes de la mer » du commerçant, plus particulièrement quand il exerce son activité dans un port. Ils sont les moyens les plus aisés pour faire venir ou exporter ses marchandises. 

Jusqu’à son décès, le 1er novembre 1863, Jacques Pierre Édouard LAMY, fait construire  10 bateaux : 1  sloop de 27 tonneaux de J.N.  : le JULIENNE, 7 goélettes de 64 tonneaux à 97 tonneaux : JULES AMÉLIE, AMÉLIE, ORPHELIN, HYACINTE, JULIE, ANNA, ORPHELINE, 1 brick de 135 tonneaux : l’ÉDOUARD. Ils sont généralement armés selon le système des quirats, qui permet la participation de tiers à l’investissement nautique et mutualise les risques de mer pour l’armateur. 

Ces bateaux sont probablement construits à Caen au lieu-dit «Le Poigneux».

À la même époque, à partir du milieu du XIXe siècle, la «houille», telle qu’est nommé alors le charbon de terre, pénètre tous les pans de la vie : industrielle avec le coke des hauts-fourneaux, la navigation et le chemin de fer à vapeur ; domestique avec le chauffage au charbon et l’éclairage au gaz de ville. 

L’Angleterre avec les bassins du Pays de Galles et du Yorkshire la fournit en abondance.  Des hommes dynamiques, comme le montre le parcours commerçant de Jacques Pierre Édouard LAMY, comprennent l’enjeu de cette mutation. Il devient négociant, importateur de charbons et armateur.

Sa veuve et son fils Jules Amédée LAMY prennent la suite. Ils font construire et arment entre 1862 et 1883 des voiliers : 2 bricks de 161 et 217 tonneaux de Jauge nette, 3 trois-mâts de 254 à 477 tonneaux : JULES, ALERTE, BRAVE LOURMEL, CAMILLE et 3 vapeurs de 168 à 474 tonneaux de Jauge nette : PROGRÈS, RÉVEIL, ACTIF, tout en développant le négoce du charbon. 

Les vapeurs sont construits, à Aberdeen en Écosse pour l’ACTIF et  par les chantiers britanniques de la Tyne pour les autres. Ces chantiers jouissent en cette moitié et fin du XIXe siècle d’une réputation de constructeurs de navires robustes, en particulier ce qui touche les machines à vapeur. Pour preuve de cette solidité : la longue vie de l’ACTIF, qui finira sa vie de vieux bateau, quelque part en Algérie, en 1937, cinquante ans après son lancement.

Jules LAMY est à l'origine des Régates de Caen, qui deviendront en 1883 la Société Nautique de Caen, société d'aviron, dont il sera un des premiers présidents.

Il décède le 12 mars 1898 et laisse à ses cinq enfants, dont les trois garçons : René, Georges et Gaston, un navire à vapeur , une maison prospère d’importation, de transformation et de négoce de charbons. 

La même année René et Georges *) créent la « Société en Commandite René et Georges LAMY » qui compte un navire en propriété : l’ACTIF, une maison d’importation, de transformation et de négoce é de charbons.

Le plus jeune, Gaston, né en 1875, après des études dans une école de commerce du Havre, suit le parcours des futurs négociants ou armateurs de l’époque : un passage dans une ou plusieurs agences maritimes et commerciales, de préférence de l’Europe du Nord ou de Grande-Bretagne , pour lui c’est chez Coward. Est-ce à ce séjour dans le plus grand port exportateur mondial de charbons qu'est Cardiff au tournant du XXe siècle, que Gaston LAMY devra son instinct pour la chose maritime, le métier d'armateur ?

En 1903, trois des principales sociétés d'importation de charbons : ALLAINGUILLAUME & Cie**), R. et G. Lamy, M. VEREL qui possèdent ou ont en construction chacun un vapeur, décident de s'associer, pour fonder la société en commandite «SOCIÉTÉ NAVALE CAENNAISE - G. LAMY & Cie», au capital versé de un million de Francs, dont  ils confient la gérance à Gaston. 

C'est dire la confiance qu'ils mettent dans les compétences de ce dernier, alors qu’il n’est qu'un jeune homme de vingt-huit ans.

Le partage des responsabilités dans la famille LAMY se dessine alors, à René et Georges LAMY les parties importation, transformation et négoce des charbons, à Gaston LAMY la partie transport maritime.

*) Georges LAMY décédera, le 21 octobre 1926, dans un accident de la circulation, le véhicule dans lequel il se trouvait ayant été percuté, route de Falaise à Caen, par un train transportant du minerai, son frère René LAMY continuera à faire fonctionner la partie transformation et négoce des charbons, plus tard « Les Combustibles de Normandie ;

**) Voir l’article joint qui retrace la vie exceptionnelle de Pierre Allainguillaume. Bulletin AANC -2021.

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